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GIRL de Lukas Dhont : Danser envers et contre tout

Présenté en 2018 au Festival de Cannes, GIRL est le premier long-métrage du réalisateur belge Lukas Dhont. Le film raconte l’histoire de Lara, une adolescente transgenre de 15 ans, interprétée par Victor Polster, qui aspire à devenir ballerine tout en entamant sa transition médicale. Inspiré de la vie de la danseuse Nora Monsecour, GIRL a suscité autant d’éloges que de critiques, notamment au sein des communautés LGBT.

🏆 Récompenses et distinctions de GIRL

🎬 Festival de Cannes 2018

  • Caméra d’or (meilleur premier film toutes sections confondues)
  • Prix d’interprétation masculine pour Victor Polster (section Un Certain Regard)
  • Prix FIPRESCI (critique internationale)
  • Prix de la Queer Palm (non officiel mais prestigieux dans les cercles LGBTQ+)

🇧🇪 Magritte du Cinéma 2019 (Belgique)

  • Meilleur acteur : Victor Polster
  • Meilleur scénario original : Lukas Dhont
  • Meilleur film flamand
  • Meilleur acteur dans un second rôle : Arieh Worthalter (le père de Lara)

🎓 Autres distinctions notables

  • Sélectionné pour représenter la Belgique aux Oscars 2019 (Meilleur film en langue étrangère)
  • Prix du meilleur film au San Sebastián International Film Festival
  • European Discovery – Prix FIPRESCI aux European Film Awards

🎭 Casting et performances

  • Victor Polster : Dans son premier rôle au cinéma, il incarne Lara avec une intensité remarquable, malgré les controverses liées à son identité de genre.
  • Arieh Worthalter : Il joue le père de Lara, offrant une performance empreinte de tendresse et de soutien.
  • Oliver Bodart : Dans le rôle du petit frère de Lara, il apporte une touche d’innocence et de complicité.​

📌 Moments forts et interprétation

Le film est ponctué de scènes marquantes qui illustrent les défis physiques et émotionnels de Lara :​

  • Les entraînements de danse : Ils mettent en lumière la discipline rigoureuse de Lara et sa détermination à réussir, malgré la douleur physique et psychologique.
  • Les consultations médicales : Elles révèlent la complexité de sa transition et les pressions qu’elle subit.
  • La scène finale : Sans dévoiler de spoilers, elle symbolise une forme de libération et d’espoir pour Lara.​

🌈 Controverses et critiques LGBT

Malgré ses récompenses, GIRL a été critiqué par certaines voix de la communauté transgenre :​

  • Représentation : Le choix d’un acteur cisgenre pour incarner une adolescente trans a été perçu comme une appropriation, certains estimant que cela manquait d’authenticité.
  • Focalisation sur le corps : Le film a été accusé de se concentrer excessivement sur la dysphorie corporelle de Lara, au détriment de son identité et de son vécu global.
  • Perspective cisgenre : Certains critiques ont souligné que le film, réalisé par un homme cisgenre, pouvait manquer de nuance dans sa représentation de l’expérience trans.​

Lukas Dhont a répondu à ces critiques en affirmant que Nora Monsecour avait été impliquée tout au long du processus de création, validant le scénario et les choix artistiques.

📰 Presse (7/7)

https://www.7sur7.be/cinema/irresponsable-dangereux-girl-critique-avec-violence-la-reponse-de-celle-qui-a-inspire-le-film~a47034e8

Nora Monsecour, qui a inspiré « Girl », se dit « offensée ». « Mon histoire n’est pas un fantasme cisgenre du réalisateur. L’histoire de Lara est mon histoire. »

Nora explique que Lukas Dhont a toujours été « intéressé » par elle « en tant que personne ». Pas seulement pas le fait qu’elle soit transgenre. « Il était intéressé par mon métier de danseuse, par ce qui me motive dans la vie. »

Elle confie qu’elle se fichait que son rôle soit tenu « par un homme, une femme, une transgenre, une lesbienne, un gay. » Elle voulait juste que Lara soit jouée par « quelqu’un qui avait de l’amour et de l’empathie pour le personnage et qui était aussi un bon danseur ». Elle a tout de suite été convaincue par Victor. « Il était la seule personne capable de donner à ce rôle une vie qui respecterait mon histoire. »

Et sur les gros plans que le réalisateur fait sur son corps, Nora rappelle que Lara fait de la danse. C’est une expérience corporelle en soi. « Je me suis entraînée dans une école de ballet où la différence entre les hommes et les femmes est très présente. J’étais constamment en train de me regarder dans le miroir. » Pour elle, Lukas a tout à fait respecté son histoire.

À la fin, Lara décide de s’automutiler pour supprimer l’attribut masculin qui l’empêche d’atteindre ses rêves. Le critique transgenre reproche la scène finale « inutilement graphique » malgré l’absence d’une seule goutte de sang. « C’est une métaphore des pensées suicidaires que j’ai moi-même expérimentées. J’étais jeune mais j’avais beaucoup de pensées sombres. Cette scène était cruciale à montrer. J’ai connu des jeunes de mon environnement qui se sont suicidés. D’une certaine manière, ce n’est pas un film, c’est la réalité. Les gens se suicident parce qu’ils n’arrivent pas à s’accepter. »

Nora explique qu’elle ne s’est jamais automutilée et qu’elle n’encourage personne à le faire. « La scène ne doit pas être vue comme une scène qui encourage les jeunes transsexuels à se couper eux-mêmes certaines parties du corps. Mais ça montre que ces choses sont le résultat de pensées noires qui sont le résultat de la lutte à laquelle nous sommes confrontés. »

💬 Réflexion personnelle

En tant que spectatrice et danseuse classique, GIRL m’a parlé avec une intensité rare. J’ai retrouvé dans le corps de Lara, dans sa gestuelle, dans sa discipline, une part de moi-même. La danse classique n’est pas seulement un art ou une passion, c’est un engagement total du corps, parfois jusqu’à la douleur. Le film capte très justement cette exigence.

Parmi les scènes qui m’ont bouleversée, il y a celle où une amie de Lara, sans véritable méchanceté mais avec une maladresse cruelle, lui demande de se déshabiller devant tout le monde pour prouver qu’elle est « vraiment une fille ». Cette violence banalisée, cette mise à nu symbolique, m’a glacée.

La scène la plus dure reste sans doute celle où, en proie au désespoir, Lara tente de s’auto-mutiler avec une paire de ciseaux. J’ai trouvé cette séquence particulièrement choquante, presque irréaliste. Une telle décision, irréversible, implique une détresse profonde, mais aussi une forme de courage extrême. À mon sens, la raison et la prudence auraient dû primer. Il aurait été plus crédible — et moins sensationnaliste — que Lara patiente jusqu’à sa majorité pour bénéficier d’une vaginoplastie dans un cadre sécurisé, sans mettre son corps en danger.

Et pourtant, le film ne s’arrête pas à la douleur. Il se clôt sur une scène silencieuse, lumineuse, qui symbolise une renaissance. C’est un souffle, un espoir, un avenir. Une promesse de liberté, d’un corps réconcilié.

J’ai lu beaucoup de critiques dans la sphère LGBT reprochant au film de ne pas avoir choisi une actrice trans pour incarner Lara. Et je trouve cela un peu facile. La performance de Victor Polster est, tout simplement, incroyable. Il habite son rôle avec une justesse bouleversante, il nous fait ressentir les émotions de Lara avec une vérité rare. Il s’est transformé pour le film — pas seulement physiquement, mais intérieurement. Le résultat est bluffant. Beaucoup de femmes trans, même dans la vraie vie, peinent à transmettre une telle force, une telle fragilité, un tel équilibre.

Nora Monsecour illustre parfaitement ce que j’évoquais précédemment : face à l’impossibilité d’être reconnues pour ce qu’elles sont vraiment, de nombreuses personnes, accablées par le rejet, l’incompréhension ou le manque de perspective, en viennent malheureusement à mettre fin à leurs jours. Le désespoir, lorsqu’il devient insupportable et qu’aucune issue ne semble possible, pousse certains à faire ce choix tragique.

✨ Répliques fortes du film

« Je suis une fille. Je le sais. Pourquoi personne ne le voit ? »
Une réplique simple mais viscérale, qui résume le cœur du film.

« Tu es forte, Lara. Mais tu n’es pas obligée de l’être tout le temps. »
Prononcée par son père, c’est un rappel essentiel au droit de flancher, de ne pas toujours tenir.

« Je veux juste être normale. »
Un cri silencieux qui traverse tout le film, au-delà de l’apparence.

« La douleur est un passage. »
Liée à la danse, mais aussi à la transition : c’est la phrase-pont du film.

🎥 Anecdotes de tournage

1. Victor Polster n’était pas acteur… mais danseur !

Avant d’incarner Lara, Victor Polster n’avait jamais joué dans un film. Il était étudiant en danse classique à l’école de ballet de l’Opéra de Bruxelles. C’est précisément ce qui a attiré le réalisateur : un corps formé à la rigueur et à l’expressivité, capable de porter à l’écran toute la douleur contenue et la grâce de Lara.

2. Une préparation intense et encadrée
Le jeune acteur a suivi un coaching psychologique pendant toute la durée du tournage pour préserver son équilibre émotionnel. Le sujet étant particulièrement lourd, la production avait mis en place un accompagnement pour lui éviter toute confusion identitaire ou charge mentale liée au rôle.

3. Un tournage sous haute protection
Le scénario a été lu et validé par plusieurs associations trans et professionnels de santé. L’équipe a consulté de vraies femmes trans pour affiner les détails et éviter de tomber dans des clichés. Lukas Dhont, lui-même homosexuel, souhaitait traiter son sujet avec respect, sans voyeurisme.

4. Le tournage a duré… seulement 29 jours !
Malgré la richesse et l’intensité du film, GIRL a été tourné en moins d’un mois. Un exploit rendu possible par la précision des scènes, l’engagement total des acteurs, et la chorégraphie millimétrée des scènes de danse.

5. Des scènes coupées… trop dures ?
Certaines scènes plus violentes psychologiquement ont été tournées mais volontairement retirées du montage final pour préserver une certaine sobriété. Lukas Dhont voulait que la douleur soit ressentie sans basculer dans le pathos ou le sensationnalisme.

🎬 Streaming et VOD

  • ARTE Boutique : Disponible en location ou achat.
  • UniversCiné : Disponible en location ou achat.
  • Cinefile : Offre le streaming du film en version originale sous-titrée. ​
  • myCANAL : Disponible en streaming pour les abonnés.
  • YouTube : Disponible en location ou achat.

💿 DVD et Blu-ray

  • Amazon
  • Fnac
  • MediaMarkt
  • Outplay

Conclusion

GIRL est un film poignant qui met en lumière les défis d’une adolescente transgenre aspirant à devenir ballerine. Bien qu’il ait suscité des controverses légitimes concernant sa représentation, il ouvre également la voie à des discussions essentielles sur la visibilité et la complexité des parcours transgenres. En tant qu’œuvre cinématographique, il témoigne du talent de Lukas Dhont et de Victor Polster, tout en soulignant la nécessité d’une représentation authentique et diversifiée dans le cinéma.​

— Enola 😘


Et vous, vous l’avez vu ? Qu’en avez-vous pensé ? J’adorerais avoir vos retours…

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Un commentaire

  1. Enola,
    Ton questionnement m’a fait réfléchir.
    Suis-je hommo, hetero, lesbienne, passerelle…?
    Mon fils, son genre c’est masculin.
    Sa sexualité, c’est homosexuel.
    Moi, genre féminin et sexualité hetero……Mais, j’ai déjà eu qqes expériences avec des femmes, par attirance physique, j’aime les poitrines des femmes….mais pas le bas ( si je peux parler ainsi ).
    Donc, soyons claire, mais non vulgaire, j’aime les penis.
    De plus, je n’aime que les hommes qui ont une sensibilité, une âme plutôt féminine….et souvent très minces, non poilus, des traits de visage fins….
    Alors, on me place dans quelle catégorie ???
    Je déteste les catégories, les étiquettes, les cases à cocher.
    Je suis comme tout le monde, un être humain…là, difficile de ne pas être casée lol.
    Et comme tout le monde, je suis unique.
    Et seule moi me connais, à l’instant T .
    Je ne lis pas dans les cartes! Dommage lol.
    Donc arrêtons avec toutes ces classifications. L’être humain a toujours besoin de faire partie d’un groupe pour le rassurer.
    Moi, justement, j’ai toujours voulu être différente! Je ne suis pas un groupe, je suis moi et seulement moi….et c’est déjà pas toujours évident….même de vivre avec moi-même.
    Ma bipolarité , toute en extrêmes, en tout et son contraire puis le flou aussi( appelé normalité).
    Voilà, juste un petit témoignage sans importance d’un être humain.

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