Quand l’insouciance s’est brisée
Indochine, c’est un peu comme ce vieux pull qu’on retrouve au fond du placard : un mélange de nostalgie, de confort et de style intemporel. Formé en 1981, ce groupe français a su traverser les décennies en abordant des thèmes profonds et en restant fidèle à son identité musicale.
🎤 Indochine : Une voix pour les invisibles
Dès leurs débuts, Indochine s’est démarqué par des chansons qui parlent à ceux qui se sentent différents. Leur succès repose sur une capacité à aborder des sujets sensibles avec sincérité, offrant une voix à ceux qui n’en ont pas toujours.
🎶 « College Boy » : Le cri d’un adolescent incompris
Sortie en 2013, « College Boy » est une chanson poignante qui aborde le harcèlement scolaire et l’homophobie. Les paroles expriment la violence des harceleurs : « J’apprends ici que ma vie, ne sera pas facile » et leur homophobie « Je comprends qu’ici c’est dur d’être si différent » . Le clip, réalisé par Xavier Dolan, met en scène un adolescent persécuté, jusqu’à une crucifixion symbolique, soulignant la brutalité du rejet social.
Cette chanson résonne particulièrement avec mon expérience personnelle. À l’âge de 12 ans, j’ai quitté le cocon de l’école primaire pour entrer au collège (Enseignement Secondaire Inférieur), un monde où la différence n’était pas toujours acceptée. Mon intérêt pour des activités considérées comme féminines m’a valu moqueries et isolement. Mais comme dans « College Boy », j’ai trouvé des alliés inattendus qui m’ont aidée à traverser cette période difficile.
🩵 Là où j’aurais dû me sentir ridicule, j’ai ressenti une étrange liberté
Je suis allée au collège – l’enseignement secondaire inférieur – et à l’époque, j’étais un “boy”.
Comme je l’expliquerai un jour dans Enola’s Real Diaries, j’ai grandi “dans un village dans lequel tout se sait”.
Durant mes années de primaire, j’étais entourée exclusivement de filles : nous étions cinq, une sorte de “club des cinq” au féminin, et j’en faisais partie intégrante.
J’étais bonne élève, probablement dans le haut du classement, avec de très bonnes notes et une vraie joie de vivre.
Et puis, à 12 ans, tout a éclaté.
En arrivant au collège, deux de mes amies ont suivi le même chemin que moi, mais ce n’était pas forcément celles avec qui j’avais le plus d’affinités. Les autres, dont ma meilleure amie, sont parties ailleurs.
Perte de repères, adolescence, puberté… et une étrange distance qui s’est installée entre moi et les filles que j’aimais tant.
Cette séparation brutale a signé la fin de mon insouciance.
J’étais différente, et ça ne pardonnait pas.
Je n’aimais pas les sports collectifs, je détestais le ballon rond, je préférais les cours de cuisine – entourée de filles, bien sûr.
Alors on m’a moquée, isolée, harcelée. Moralement. Physiquement.
J’ai doublé mon année (comme on dit en Belgique), mes notes étaient en chute libre.
Je me suis réfugiée dans la comédie : faire rire pour ne pas pleurer.
Mais les autres n’étaient pas dupes.
Ils ont fini par organiser une mise en scène sordide : un rendez-vous avec une camarade, pour voir si j’oserais l’embrasser. Toute l’école semblait être au courant.
Ce fut humiliant.
Heureusement, quelques filles en rhéto m’ont prise sous leur aile.
Un renversement soudain : de paria à “populaire” – enfin, un peu.
Mais le mal était fait.
En troisième, je ne me sentais plus du tout bien dans mes baskets.
Je me suis scarifiée.
J’ai commencé à boire, sérieusement, vers 14 ans.
J’ai fugué une semaine entière.
Mes parents m’ont retrouvée à plus de 60 kilomètres de la maison. J’ai passé un mauvais quart d’heure.
Ils ont décidé de me changer d’école. Comme dans les films.
Une autre école catholique, plus petite, un peu moins stricte, et surtout à dimension plus humaine.
Et là, j’ai enfin respiré.
Petite classe. Accueil chaleureux. Une fille pleine de charisme à mes côtés, vite devenue ma meilleure amie, ma confidente.
En gym, filles et garçons réunis, pas de vestiaire, juste des cabines par deux. Et devinez avec qui j’étais ? Avec elle.
Un jour, on a échangé nos tenues : moi avec ses collants et son justaucorps, elle avec mon short et mon t-shirt.
On a fait rire tout le monde, mais personne n’a rien dit.
Pour moi, ce moment-là était naturel, évident.
D’autres filles ont ensuite voulu partager leur cabine avec moi. Même à la piscine.
Ces trois années de lycée m’ont réconciliée avec moi-même.
Mais à la fin de la rhéto, tout s’est à nouveau dispersé.
Nouveaux départs, nouvelles études.
Nouveau déchirement.
Je reviendrai plus en détail sur tout cela dans Enola’s Real Diaries…
Mais si cette chanson College Boy me parle autant, c’est bien parce que je l’ai vécue.
Indochine ne se contente pas de dénoncer : ils donnent une voix à celles et ceux qui, comme moi, n’en avaient pas.
🧬 « Troisième Sexe » : Une ode à la fluidité des genres
En 1985, Indochine sort « Troisième Sexe », une chanson qui célèbre l’ambiguïté et la liberté d’être soi-même. Reprise en 2020 avec Christine and the Queens sous le titre « 3SEX », elle continue de porter un message fort sur la tolérance et l’acceptation des identités non binaires.
🌾 « La chevauchée des champs de blé » : Une escapade poétique
Moins connue, cette chanson de 1988 offre une parenthèse onirique, une évasion dans un monde où l’on peut être libre et en paix. Elle rappelle que, malgré les épreuves, il existe des espaces de répit et de beauté.
🏳️🌈 D’autres titres engagés
Indochine a souvent abordé des thèmes liés à l’identité et à la marginalité. Des chansons comme « Marilyn » traitent de la tolérance envers l’homosexualité . Leur discographie est une véritable exploration des différentes facettes de l’humanité.
💬 En conclusion
Indochine ne se contente pas de faire de la musique ; ils racontent des histoires, donnent une voix à ceux qui se sentent invisibles. Leur capacité à aborder des sujets complexes avec sensibilité en fait un groupe à part, toujours pertinent après plus de 40 ans de carrière.
— Enola 😘
Et vous, quelles chansons d’Indochine vous ont marqué·e·s ? Partagez vos expériences et vos titres préférés en commentaire.
Aaah là tu m’a touché dans le mille….mon groupe préféré français que j’ai eu la chance de voir au stade de France en 2022 et là récemment en février en 2025 à Orléans 4 🤘.
La version College boy stade de Lyon au central tour avec Philippe Jaroussky un délice , quitte emeu terriblement 🫶❤️
Merci Kryss72 ça me fait vraiment plaisir que tu sois passé voir mon blog, je sais que je peux toujours compter sur toi pour me soutenir dans mes démarches 😉